Le Pont de Babel-Sérail

LES NON-SOUMIS

Stricto sensu le mot islam en arabe signifie soumission.

Au cours de son histoire l'être humain a subi des injustices indicibles, Elle regorge de faits horribles se rapportant aux injustices, dictatures, conquêtes, esclavagismes, conflits, guerres, violences, exterminations, génocides. Tous ces substantifs dérangeants renvoient à un facteur commun: la domination des plus forts, ou autrement dit la soumission des plus faibles. L'être humain, las de ces soumissions au cours de son histoire, a-t-il besoin encore de chercher à se soumettre davantage à une religion du nom "soumission"? A-t-il besoin qu'on lui dise; "La ferme! Et, obéis!" Du point de vue de l'oppressé, bien sûr que non.

Rien qu'en Europe, l'être humain a connu tant de bains de sang pendant des siècles qu'il ne veut plus entendre de quelconque soumission à quelconque dominateur. Au lendemain de la soumission que les Juifs ont connue dans les années 1930, entre autres (n'oublions pas l'Inquisition), et le génocide dans les années 1940, la grande leçon de l'Histoire nous a donné la force de nous relever et de clamer haut et fort: "Plus jamais ça!". Cette phrase est devenue le slogan et le symbole face à l'oppression et à la domination des individus et des sociétés extrémistes,

C'est beau la théorie. La vérité est malheureusement toute autre. La couardise des spectateurs du génocide des années 1940 s'est bel et bien perpétuée dans les années 1990 à Srebrenica en Bosnie, au coeur de l'Europe géographique, et au Rwanda. Deux génocides sous les yeux des soldats de l'ONU sensés mettre en application le "Plus jamais ça".

Bref, on ne peut que constater notre impuissance face aux dominateurs extrémistes armés jusqu'aux dents lorsqu'ils s'accaparent du pouvoir. Ils ne font pas de quartier avec leur politique subjective de karchérisation sélective. Leurs discours, basés sur des idéologies dominatrices pseudo-intellectuelles, se résument à cibler, pour ensuite catégoriser, et pour enfin rendre responsables de tous leurs maux et de toutes leurs frustrations tous ceux qu'ils ont eux-mêmes sélectivement et subjectivement catégorisés et taxés de dangereux parce que différents.

Avec une telle politique d'exclusion et de dévalorisation de différences, cette première n'offre guère d'autres choix à l'être humain que de:

• soit l'amadouer et le soumettre à cette idéologie,

• soit le discriminer pour sa non-soumission à cette idéologie en lui barrant le chemin à des postes clés sur le marché de l'emploi, ce qui revient à l'exclure de la participation et de la contribution actives à la société.

• soit, dans des cas les plus extrêmes, l'expulser du pays, voire l'exécuter sous prétexte qu'il est la cause de tous les maux d'autrui; comme ce fut le cas en Allemagne dans les années 1940 ou en ex-Yougoslavie dans les années 1990.

L'ironie du sort est que des individus, dits intellectuels, qui se cachent derrière quelques mots savants, attribuent les caractéristiques précitées (en gras dans le paragraphe précédent) à l'islam dans le but de le vilifier. Pour prouver leur "vérité" basée sur leur "objectivité" ils utilisent de moultes exégèses de textes islamiques... tronqués, voire fabriqués, et bien entendu trouvés çà et là sur des sites internets à tendances extrémistes! Le tout saupoudré par des textes se référant à des traditions non-islamiques ou pré-islamiques pratiquées, encore aujourd'hui, dans certains pays dits musulmans (par exemple des horreurs renvoyant à des concepts tels que l'excision, la mutilation, l'esclavagisme, le mariage forcé, la lapidation, le machisme, le totalitarisme, le radicalisme,...).

Pourtant, non! Le terme islam ne renvoie pas à un concept de ce genre de soumission que certains pseudo-intellectuels essaient de faire mijoter, ensuite de le servir sur un plateau nauséabond aux non-musulmans et aux musulmans mêmes. Avec leurs recettes telles que la malhonnêteté et la subjectivité intellectuelles basées sur une concotion de textes tronqués et fabriqués, ils n'ont qu'à aller se faire cuire un oeuf. Et encore, même leur oeuf serait probablement pourri.

Quel est donc le concept véritable du mot islam sèchement traduit par "soumission"?

À la lecture de l'article précédent sur ce blog, ISLAM 1.0 - INTRODUCTION ET CONCEPT DE BASE, nous nous rendons compte à quel point nous sommes intellectuellement désemparés par la fatalité de la réalité en nous et autour de nous, que cela soit au niveau de ce qui nous paraît microscopique ou macroscopique.

Bien qu'en islam on nie tout dieu au concept concevable "LA ILAHA" (point de dieu), on reconnaît qu'un originateur (Allah) dont, intellectuellement, le concept nous échappe totalement est à la base de toute réalité telle que nous la percevons. C'est pour cela que jamais aucune illustration, peinture, objet, statue, ne parviendrait à confiner le concept inconcevable de ce qu'est Allah, et c'est pour cela que nous ne verrons jamais aucune illustration d'Allah dans aucune source islamique. En réalité, on ne peut que se soumettre face à cette réalité qui nous dépasse intellectuellement.

La réalité des choses est que nous n'avons ni la science, ni la connaissance infuse. Nous avons la capacité de nous reproduire, mais nous n'avons décidé ni de l'existence de la vie, ni du mode opératoire de notre reproduction. Nous avons encore moins décidé de la réalité qui est en nous et autour de nous. L'originateur (qui nous dépasse intellectuellement) de toute réalité visible à nos yeux, ainsi que de toute réalité théorique (méconnue) et invisible (inconnue) est ce que l'islam nomme Allah (souvent traduit par Dieu, mais en réalité intraduisible) et non pas quelconque dieu (= LA ILAHA).

Celui qui prétend tout savoir et tout connaître sur toute réalité visible (connue), théorique (méconnue) et invisible (inconnue), n'a pas à se soumettre. Mais, soyons sérieux, quel être humain sait tout sur tout? Aucun.

À partir du moment où l'on se rend compte de notre petitesse sur notre planète bleue, remplissant son rôle telle une particule infiniment petite d'un atome, perdue dans l'immensité de l'Univers, on arrive à la conclusion qu'en réalité, indépendamment de notre volonté, nous sommes confinés dans une réalité que nous n'avons nullement générée. Devant une telle suprématie que représente l'originateur de toutes réalités (connue, méconnue et inconue), si nous reconnaissons notre petitesse, c'est cet acte de reconnaissance de notre petitesse que l'on peut considérer, d'une certaine manière, comme une soumission inconsciente et naturelle à cet originateur. Ainsi, par extrapolation, une soumission consciente à cet originateur (Allah) est appelée islam.

Bien entendu, en tant qu'êtres conscients doués d'une certaine intelligence, nous avons le choix, ainsi que la capacité imaginative, de croire tout ce qu'on veut, y compris le contraire de la logique et de nier la réalité de notre petitesse. Cependant, refuser de reconnaître notre petitesse, autrement dit refuser de nous soumettre, ne changera pas notre réalité pour autant, qui est ce qu'elle est: naître, vivre, mourir.

Toutefois, il convient de préciser que la soumission telle que le terme islam renferme est celle de pax (vobis), et ce indépendamment de toute réalité dans laquelle notre être conscient pourrait se trouver. Il ne s'agit aucunement d'une soumission face à un quelconque oppresseur profitant de la supériorité de sa force ou de son intelligence qui chercherait à combler la frustration de son ego narcissique.

En effet, le terme islam renferme la racine S-L-M, qui signifie paix, sérénité (= SALAM). N'oublions pas de préciser que dans les langues sémitiques, tels que l'arabe, l'hébreu ou l'araméen, toute l'importance est accordée aux consonnes: Dans certains cas les voyelles ne sont même pas écrites:

S-L-M = iSLaM = SaLaM

Donc, un mot qui à la fois renferme le concept de soumission et le concept de paix ne partage en rien l'idée de "soumission" que nous nous faisons en langues européennes chargées de concepts tyranniques historiques ou sociétaux sanguinaires et détestables.

Le concept de soumission en islam consiste, d'une part, à trouver une paix intérieure après la prise de conscience de notre réalité de petitesse et, d'autre part, à reconnaître la suprématie de l'originateur, que l'islam nomme Allah, sans que l'on éprouve de l'inquiétude ou de l'injustice par rapport à cette soumission pour autant. La soumission dont il est question ici est une forme d'acceptation de notre condition humaine au sein de la réalité qu'on partage tous: naître, vivre, mourir. Il s'agit également de l'acceptation du fait que nous ne contrôlons pas l'essence de la vie, et encore moins celle de la conscience, laquelle, selon l'islam, ne meurt pas. L'idée de soumission désignée par le terme islam se veut rassurante en ce sens qu'aucun individu ne subira d'injustice post-mortem et se traduit par une véritable paix avec soi, en soi et autour de soi.

En d'autres termes, l'islam qui enseigne qu'aucun être, conscient de ses actes, ne subira d'injustice, signifie également que tout être, conscient de ses actes, subira l'examen de sa conscience, non pas de manière catégorique, mais de manière individuelle (au cas par cas) et que la justice impartiale sera rendue à tout un chacun en fonction des actes commis sciemments dans le but de retrouver le bonheur partagé que procure le sentiment de paix avec soi, en soi et autour de soi.

Ainsi, pour le bien de la communauté fraternelle qu'est l'humanité émanant de la même essence originelle, les enseignements de l'islam nous rendent responsables individuellement du degré de partage de cette paix en commencant par des gestes quotidiens simples tels que saluer nos prochains, main sur le coeur, par: "Que la paix soit avec vous":

AS-SALAMOU ALEYKOUM

-Issalian K.